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Le paradoxe de l' Apocalypse de saint Jean - Deuxième partie Par l'Archimandrite Elie

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Le paradoxe de l' Apocalypse de saintJean

Pourquoi l'Apocalypse?

La curiosité de l'homme est sans fond. Depuis qu'il a goûté à « l'arbre de la connaissance » comme le nomme symboliquement le livre de la genèse, il veut précisément tout savoir, tout connaître. Alors que la domination sur le monde dont Dieu l'avait chargé avait pour but de l'associer à l'œuvre créatrice par sa vocation à « spiritualiser » le monde, à le transfigurer, à lui insuffler l'Esprit-Saint par son intercession et la puissance du Saint-Esprit, les hommes « déchus » l'ont détourné en un assujettissement à leur profit. La «connaissance» est devenue la source d'un « pouvoir ». Ainsi il est fiévreusement en quête perpétuelle de connaissance, il veut percer les « secrets de Dieu ». Ce qu'il croit connaître, il en fait un champ de domination et il veut savoir ce qu'il ne connaît pas.

Pourtant, il connait - partiellement - ce qui l'entoure. Et même, s'il n'en rejette pas la connaissance, il connaît Dieu, puisqu'il en est issu, et que Dieu s'est manifesté à lui en de multiples occasions, notamment en vivant physiquement parmi nous par Son Incarnation. Dieu y prolonge même sa Présence, invisible certes, mais manifestée par l'Esprit-Saint pour ceux qui ouvrent leurs yeux - intérieurs. Par la « science », il ne cesse de découvrir les mécanismes matériels de la nature : l'envers des choses. La seule chose qui demeure hors de sa portée, c'est l'avenir; ainsi, il est toujours en quête de révélations ... Parmi elles, il voudrait savoir combien de temps durera encore ce mécanisme aux rouages dont il voudrait bien posséder la clef pour en régler lui-même le mouvement. Sans doute est-ce pour tenter de se consoler du fait que le « rouage » ne fonctionne qu'un temps limité, qu'il ne puisse pas le remonter à sa guise, mais seulement le prolonger un peu, plutôt que d'accéder à l'au-delà du temps? Peut-être est-ce encore pour exorciser son angoisse existentielle devant sa propre fin, pourtant provisoire, expérience longue de 500 000 ans et peut-être plus. Éventuellement serait-ce par affolement, au constat de la fin de la forme actuelle du monde dans lequel il se situe et qu'il ne se résout pas à voir changer d'état? Changement auquel il se refuse à croire au seul jugement de sa raison cartésienne: au secours! Vite, une révélation! « Dis-nous quel sera le signe de ton avènement et d'un achèvement de l'ère. » (Mt 24, 3) ... Inutile! Répond le Christ dans l'Évangile « Quant à ce jour-là et l'heure, nul ne sait, ni les Anges des Cieux, ni le Fils, sinon le Père seul » (24, 36). Circulez, ne vous éreintez pas à essayer de deviner: il n'y a rien à trouver!

En revanche, si les hommes ne savent pas quand viendra le parachèvement du monde, ils savent comment!!! Si vous persévérez à refuser de le reconnaître, c'est le droit de votre liberté la plus fondamentale. Non seulement Celui qui nous a créés, nous a dit ce qu'il en est, au cours de deux millénaires (au moins) de révélations successives que l'on désigne par « Ancien Testament », mais encore Il l'a montré. Saint Thomas, !'Apôtre, a même été invité à mettre la main dans Son côté béant pour expérimenter! C'est pour tous la même réalité: s'élever au-dessus des contingences matérielles de cette vie présente par le passage que l'on nomme « mort », pour accéder à un nouvel ordre de vie que l'on appelle « résurrection » et, par suite, partage de la Vie éternelle. Or, la vie éternelle n'est pas seulement une vie qui ne cessera jamais, mais c'est la participation à la Vie divine elle-même; c'est être englobé de la Gloire divine. Folie pour la raison scientifique!

Initié par le Christ lui-même au cours de nombreuses « révélations », saint Paul, si nous voulons bien nous fier à son témoignage, nous répète que les Chrétiens se savent citoyens des Cieux; rien que ça ! Il nous dit que, « notre droit de cité est dans les Cieux... et c'est là que nous attendons un sauveur, le Seigneur Jésus Christ; c'est Lui qui transformera notre corps d'humiliation en le configurant à Son corps glorieux ... » (Ph 3, 20-21). Un peu plus loin il nous montre que déjà dans ce monde « Nous brillons comme des porte-lumière parce que nous portons le Verbe de vie» (Ph 2, 15). Quant à saint Pierre, il nous assure que « Dieu nous a appelés par le Christ Jésus à Sa gloire, après un peu de souffrance » (1 P 5, 10). Peut-il y avoir une expression encore plus forte et sans aucune ambiguïté que celle de saint Paul, encore, aux Corinthiens: « Nous tous, qui à visage découvert, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur» (2 Co 3,18)? Bien qu'il y en ait encore beaucoup, à quoi bon multiplier les exemples et les citations, dont nous trouverions beaucoup de préfigurations dans l'Ancien Testament, si celles-ci ne sont pas suffisantes pour nous convaincre? C'est Dieu lui-même qui témoigne : « Parce que Dieu a dit: "que des ténèbres brille une lumière", il a lui-même brillé dans nos cœurs, de l'illumination qui révèle la gloire de Dieu contemplée sur le visage du Christ » (2 Co 4, 6). Regardons bien, c'est la création même qui avec les hommes aspire à la révélation de cette gloire :« J'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire future qui se révélera à nous. Car l'attente de la création aspire anxieusement à la révélation des fils de Dieu... elle-même sera délivrée de l'esclavage de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des fils de Dieu » (Rm 8, 18-21).

Eh bien non! « Hommes à la nuque raide » (Ba 2, 30) il semble que ces arguments ne suffisent pas à emporter notre adhésion. Alors, après avoir envoyé Son Fils que nous avons mis à mort, mais qui est ressuscité, Dieu a encore envoyé une révélation - une apocalypse - supplémentaire à saint Jean pour faire « connaitre » le « comment » de ce jour. C'est la réponse à notre indiscrète curiosité! Alors, l'Apôtre exilé sur l'île de Patmos transcrit à chaud ce qu'il a vu au cours d'une Liturgie. Il a vu, de ses yeux vu, que la gloire qui nous attend se pré-voit, se prés-sent, se révèle en prémices au cours de la Divine Liturgie, notamment. Alors, plus de peur: nos souffrances ne sont que « le fardeau éphémère et léger de la tribulation nous prépare quelque chose qui dépasse tout ce que nous pourrions concevoir de plus haut: un poids éternel de gloire » (2 Co 4, 17). Mais, il est vrai, ce Livre est scellé de sept sceaux, pour les lecteurs modernes, tentés de le mettre de côté tant ses descriptions nous paraissent bien mystérieuses. Il nous faut des clefs pour décacheter cette révélation, sinon elle nous demeure incompréhensible. Par ses conférences ici transcrites, le père Placide nous offre une grille de lecture et laisse entrevoir comment ce Livre est pleinement d'actualité. Il est urgent de le découvrir, de le comprendre et de le méditer afin de garder le cap de la paix et courir avec joie vers la glorieuse Seconde Parousie.

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