Livre d'occasion en très bon état :...
Les textes bibliques chantent inlassablement la beauté, la grandeur et la sainteté de la Maison de Dieu. Lieu privilégié de rencontre avec Lui, lieu où résonne le Nom divin, porteur des énergies divines, elle est, par excellence, un oasis de paix et de ressourcement.
La vie de l'homme se déroule dans l'espace et le temps. Or Dieu se manifeste à l'homme dans l'histoire à des moments et en des lieux précis. Du moins en est-il ainsi dans l'Ancien Testament jusqu'à la venue du Christ, qui, par Sa mort-résurrection, a rendu Dieu présent partout et toujours.
Choisi parmi les nations païennes au service de faux dieux, Abram quitte tout et s'exile, vivant sous tente, de même que ses fils après lui, jusqu'à l'installation de la famille de Jacob en Égypte. Après avoir quitté son pays à la demande du Seigneur, Abram parvient à Sichem au chêne de Moré, arbre sacré, objet de culte. Il s'en écarte en dressant à côté un autel au Seigneur qui s'est manifesté à lui (Gn 12, 6-7), puis il bâtit à nouveau un autel dans la montagne, à l'orient de Béthel (G n 12, 8).
Suite à la promesse divine d'une grande postérité et d'une vaste étendue de terres en héritage, Abram s'établit à Hébron, au chêne de Mambré encore un arbre sacré. Il dresse à côté un autel (Gn 13, 8), signe évident que le culte païen a cédé pour lui la place à l'offrande au vrai Dieu. Quand le Très-Haut l'appelle Abraham au lieu d'Abram en forgeant une alliance avec lui (Gn 17, 5). il érige à sa demande un autel à Moriya en vue d'y sacrifier son fils premier-né Isaac en test de sa fidélité (Gn 22, 9). Que Moriya soit vraiment la colline où fut élevé plus tard le Temple de Jérusalem (2 Ch 3, 1) reste discutable, mais le lien entre le sacrifice d'Isaac, les sacrifices du Temple et celui de Jésus saute aux yeux.
Plus tard, Dieu se révèle à Isaac comme le Dieu de son père Abraham avec ces mots :«Ne crains rien, car je suis avec toi. Je te bénirai, je multiplierai ta postérité » (Gn 26, 24). Au terme du creusement d'un puits en ce lieu, Isaac élève un autel et invoque le nom du Seigneur.
Cette sélection divine se manifeste encore avec Jacob, son descendant, qui une nuit, voit en songe des anges monter et descendre d'une échelle reliant la terre au ciel. À son réveil, il s'exclame : «"En vérité, le Seigneur est en ce lieu et je ne le savais pas ! " Saisi de peur, il confesse : "Que ce lieu est redoutable. Ce n'est rien moins qu'une Maison de Dieu et la porte du ciel ! "» (Gn 28, 16-17) La Maison de Dieu apparaît clairement comme le lieu de sa présence, lien entre la terre et le ciel, figure de l'Église à venir.
«Levé de bon matin, Jacob prit la pierre qui lui avait servi de chevet, il la dressa comme une stèle et répandit de l'huile sur son sommet. À ce lieu, il donna le nom de Bethel ». Ensuite, il fit le vœu que si tout se passait bien, «alors le Seigneur sera mon Dieu et cette pierre que j'ai dressée comme une stèle sera une Maison de Dieu» (Gn 28, 18-19, 22) Plus tard, il dresse également un autel à Sichem (Gn 33, 20).
Loin de répondre au mythe, à la magie ou aux forces telluriques, ces lieux sacralisés par la rencontre avec Dieu affichent une dimension personnelle, le signe d'un lien, d'une alliance entre l'homme et Dieu. Les exemples d'autel énoncés ci-dessus s'inscrivent, ne l’oublions pas, en réponse à la promesse divne d’une terre et de la protection d'en Haut.
Le «Dieu saint, Dieu fort, Dieu immortel » révèle un jour son identité à la fois dans le vide du désert et dans l’insignifiance d'un buisson : «Je suis Celui qui est » (Ex 3, 14). « N’approche pas d'ici, dit-il à Moise, retire tes sandales de tes pieds car le lieu ou tu te tiens est une terre sainte» (Ex 3, 5). La présence du seul Saint sacralise l'espace. Pressentant que l'homme ne peut contempler Dieu de ses yeux de chair et vivre, Moïse se voile la face (Ex 3, 6).
Au terme d'une captivité de 400 ans en Égypte, au cours de laquelle le peuple hébreu, d'origine nomade, s'est multiplié mais sans jouir du droit de pratiquer sa foi, Dieu choisit Moïse avec pour tâche de guider le peuple au pays de Canaan. Il affronte tout d'abord Pharaon au travers des fameuses plaies d'Égypte, puis fait sortir les Hébreux du pays par la main de Dieu, inaugurant une marche de 40 ans vers la Terre Promise. Guide du peuple dans le désert et grand législateur, dès la réception des Dix Commandements sur le Mont Sinaï, Moïse jouit d'une faveur particulière.
Si l'appel adressé à Abraham avec la promesse d'une postérité abondante constitue un jalon, le choix d'Israël par Dieu comme son peuple, choix scellé par une alliance maintes fois rompue à travers un comportement infidèle, pointe vers la nouvelle Alliance fondée par le Christ.
Même si les Écritures enseignent que la divinité ne saurait être confinée dans des édifices faits de main d'homme, Dieu lui enjoint un jour la mission d'édifier un temple mobile avec la fourniture de plans précis : « Fais-moi un sanctuaire, que je puisse résider parmi eux. Tu feras tout selon le modèle de la Demeure (le mot hébreux, mishkan, introduit le terme hébreu Shekinah qui signale la présence personnelle de Dieu) et le modèle de son mobilier que je vais te montrer. (Ex 25, 8-9 ; 27). Riches et pauvres, chacun offrira selon ses moyens : or, argent, pierres précieuses, bois divers, fer, peaux de chèvres, laine, etc.
Dans Son alliance avec le peuple hébreu, le Seigneur ajoute :« Trois fois l'an, toute la population mâle se présentera devant moi, le Dieu d'Israël » (Ex 34, 23). Les gens viendront de fait plus souvent, convaincus de la présence divine dans le Saint des Saints.
Le récit de l'Exode montre comment le Seigneur accorde la sagesse aux hommes chargés de construire la Tente du Rendez-vous (Ex 31, 7) avec tous les objets du culte : candélabres, autel des parfums et des holocaustes, chaque pièce de mobilier. Comme lors de la construction ultérieure du Temple de Jérusalem, le Très-Haut édicte des normes précises pour chaque élément de l'édifice, y compris les vêtements liturgiques. Cette Tente mesure ainsi environ 15 mètres sur 20 (Ex 25, 7-9). Le soin extrême dévolu à chaque élément nous interroge : pouvons-nous procéder différemment avec les matériaux et les objets liturgiques d'une église ?
L'expression "Tente du rendez-vous", mishkan, revient 180 fois dans l'Ancien Testament, surtout dans les livres de l'Exode, du Lévitique et des Nombres, et 7 fois dans le Nouveau Testament. Cette présence du Tout-Puissant parmi Son peuple se manifeste clairement dans cette Tente, de même que dans la colonne d'obscurité le jour et dans la colonne de feu la nuit. Sur le mont Sinaï, le Seigneur dit à Moïse : « J'établirai ma demeure au milieu de vous et je ne vous rejetterai pas. Je vivrai au milieu de vous, je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. C’est moi le Seigneur votre Dieu qui vous ai fait sortir du pays d’Égypte pour que vous n'en fussiez plus les serviteurs ; j'ai brisé les barres de votre joug et je vous ai fait marcher la tête haute» (Lv 26, 11-13).
Durant la traversée du désert vers la terre de Canaan, Moïse prenait à chaque halte «la Tente et la plantait pour lui hors du camp, loin du camp. Il la nomma "Tente du Rendez-vous" ou "de la Réunion", et quiconque avait à consulter le Seigneur sortait vers la "Tente du Rendez-vous" qui se trouvait hors du camp. Chaque fois que Moïse sortait vers la Tente, tout le peuple se levait, chacun se postait à l'entrée de sa tente, et suivait Moïse du regard jusqu'à ce qu'il entrât dans la Tente. Chaque fois que Moïse entrait dans la Tente, la colonne de nuée descendait, se tenait à l'entrée de la Tente et Il parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la colonne de nuée qui se tenait à l'entrée de la Tente, et tout le peuple se levait et se prosternait, chacun à l'entrée de sa tente. Le Seigneur parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami» (Ex 33, 7-11).
Malgré son nom, "la tente de la Réunion" reste inaccessible au peuple. Elle comprend deux parties : le Saint des Saints abritant l'Arche d'Alliance qui contient les Tables de la Loi, le bâton d'Aaron d'où ont surgi des feuilles, et un vase avec de la manne. La seconde partie, à savoir le sanctuaire proprement dit, renferme des objets sacrés voués au culte et la table avec le pain. À cette partie, journellement accessible aux prêtres pour leur service, correspond le Saint des Saints réservé au seul grand prêtre, une fois 1 an, lors de l'offrande d'un sacrifice (Heb 9, 1-7).
Un rideau cossu voile au regard des fidèles le Saint des Saints comme l’iconostase dune église orthodoxe sépare le sanctuaire de la nef rassemblant les fidèles. Dans son récit de la mort de Jésus, l'évangéliste Matthieu relate que le rideau du Temple de Jérusalem « se déchira en deux, de haut en bas » (Mt 27, 51), signe de la victoire sur la tragédie humaine et sur les forces du mal, rétablissant du même coup la communion avec Dieu.
Après leur délivrance de l'esclavage, Dieu habite ainsi au milieu de son peuple dans cette Tente où repose la nuée, signe tangible de sa présence. "Tente de la Réunion", elle est en effet le lieu de convergence du peuple (Ex 33,7), notamment lorsque Dieu parle à Moïse. Rien d'étonnant à ce que le peuple se tourne souvent à distance vers elle en se prosternant, preuve d'une conscience vive de la présence mystérique de Dieu, en écho au psaume : «Avec crainte, je me prosterne vers ton saint Temple» (Ps 5, 8). Cette Tente du témoignage reste en service jusqu'à la construction du Temple par Salomon.
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Ouvrages concernés
L'effondrement galopant de la pratique religieuse, la réaffectation ou la démolition d'églises désertées et non entretenues posent des questions cruciales. Qu'est-ce qu'une église? Quelle est sa destination?