En ce jour où nous commémorons la mémoire de sainte Marie l'Égyptienne, l'occasion nous est donnée de nous demander ce que peut ou ce que devrait être une véritable confession. Faut-il rappeler ici « l'enchainement » entre l'Évangile, l'appel de sainte Marie l'Égyptienne et la confession ?
Sainte Marie l'Égyptienne dont le récit de la conversion constitue le paradigme de toutes les confessions, de toute conversion à la vie en Christ, née en Égypte, lieu qui symbolise l'éloignement de Dieu, l'exil et l'errance. Marie voit une multitude prête à s'embarquer pour aller à Jérusalem, afin de vénérer la Sainte Croix. Voir ces pèlerins partir l'intrigue. Marie a envie de rejoindre cette foule, elle a envie, elle aussi, de se rendre à Jérusalem. Mais elle voudrait que cela se fasse sans rien changer de son existence. Or, elle est la proie, en même temps que l'actrice consentante, des plus vives passions. Marie voudrait, dans un premier temps, s'approcher de la Croix et garder toutes ses passions. Comme le faux confessant, qui dit vouloir rompre son éloignement de Dieu, mais ne veut rien modifier de sa façon de vivre, car il y prend plaisir. Or, cela est impossible. C'est pourquoi Marie l'Égyptienne ne parvient pas, arrivée à Jérusalem, à vénérer la Croix. Une force l'en empêche. Et elle comprend peu à peu que cette force qui lui semblait extérieure n'est autre que la vie qu'elle a menée jusqu'alors, n'est autre que la force de ses passions, de ses maladies spirituelles. Cette compréhension n'est pas, chez elle, un mouvement intellectuel, cérébral, mais un mouvement, un séisme de son être tout entier, marqué par les pleurs de la repentance, une repentance qu'elle confie à la Mère de Dieu, pour qu'Elle l'accompagne jusqu'à la Croix, jusqu'à la victoire sur la mort, jusqu'à sa résurrection dès cette vie présente.
Permettez-moi donc simplement de vous soumettre quelques idées susceptibles de nourrir vos réflexions sur le sens de la confession, sa pratique, votre pratique.
Tout d'abord, la confession ne saurait se réduire à l'aveu quasi mécanique de ses péchés, suivi d'une prière d'absolution. Reconnaître, comme on récite une litanie, ses mensonges, son manque de charité, sa gourmandise, ne constitue pas une confession. Qui ne ment pas? Qui est dépourvu de toute gourmandise? Qui ne désobéit pas? Une telle énumération reste toute verbale, comme extérieure à ma personne. Et s'il n'y a pas de véritable confession, quel peut être alors le sens d'une prière d'absolution?
C'est pourquoi il me paraît nécessaire de fonder la confession sur un effort de redressement de sa conscience, de manière à ce que l'Église, par l'intermédiaire du prêtre, rende à la personne toute son âme, toute sa capacité à marcher de nouveau vers Dieu, à Le désirer exclusivement. Une confession sans volonté d'acquérir Dieu, sans volonté de Le connaître, de marcher avec Lui et d'être en Lui, une confession sans une détermination à changer ma façon de vivre pour épouser Sa vie est insensée. S'abstenir est alors préférable.
En effet, la confession est beaucoup plus qu'une simple démarche morale ou qu'un simple examen de conscience. Sacrement de l'abandon du vieil homme, elle permet d'endosser un homme nouveau, l'Homme-Nouveau. Autrement dit, la confession est l'abandon de l'être charnel au profit de l'être spirituel. Si elle n'est pas un acte moral, la confession est la décision de s'orienter résolument vers le Royaume des Cieux, vers le Royaume qui n'est pas de ce monde. C'est pourquoi par elle, on rompt avec le royaume établi sur les principes de ce monde, on rompt avec un monde qu'il faudra de toute manière quitter tôt ou tard.
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Ouvrages concernés
Homélie prononcée au Monastère de la Transfiguration le 13 avril 1997. Cette opuscule est vendu au profit de la construction de l'église patronale du Monastère de la Transfiguration.