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« La vie du ciel sur la terre : La divine liturgie » Archimandrite Elie

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La Liturgie à laquelle nous participons chaque dimanche ou chaque jour, s'appelle la Divine Liturgie. Pourquoi divine ? Parce qu'elle est la vie du Christ qui est divin et humain. Ainsi la liturgie est aussi humaine puisqu'elle est célébrée par des hommes et elle est divine, car son objet est la célébration de la Gloire de Dieu. C'est ce que dit le prêtre, au nom de tous, dans la prière appelée le Trisaghion : « ... Tu nous as rendus dignes, nous tes humbles et indignes serviteurs, de nous tenir, en cette heure encore, devant la gloire de ton saint autel et de t'apporter l'adoration et la louange qui te sont dues ...» Et en chantant ce Trisaghion, nous participons, avec les anges, à leur propre célébration de la Gloire de Dieu.

La Divine Liturgie : une concélébration universelle

En effet, lorsque nous chantons « Saint ! Saint ! Saint. .. » nous ne reproduisons pas seulement le chant que les anges ont la vocation et le ministère de proclamer, mais nous le chantons en communion avec eux. Bien que nous ne l'entendions pas avec nos oreilles, nous chantons à l'unisson avec les anges. D'ailleurs dans le typicon grec, c'est-à-dire dans la manière grecque de célébrer, après le troisième « Saint Saint, Saint », le diacre tourné vers les fidèles dit : « Dynarnis », c'est-a-dire « Force, Puissance ! ». On explique souvent que c'était une coutume ancienne de demander aux choeurs de chanter plus fort. Peut-être ! mais la vraie raison, celle qui a poussé les êtres spirituels à conserver cette injonction sous l'inspiration du Saint-Esprit, c'est qu'elle proclame la reconnaissance emerveillée que les personnes présentes effectuent par la bouche de leur représentant, le diacre, de la présence de Celui qui est La Puissance véritable, le Seigneur des Puissances.

Au moment du « Chérubicon », nous chantons « Nous qui mystiquement sommes l'image des chérubins ». Ceci signifie que dans l'ordre du sacrement, nous représentons sur terre les Chérubins qui, en même temps et au ciel, chantent la Gloire de Dieu, comme nous la chantons sur terre. Or chanter n'est pas « donner de la voix » c'est célébrer, participer, exulter parce que nous sommes en présence du Dieu unique et qu'il n'y a pas de séparation entre le ciel où sont les Chérubins et la terre où nous sommes nous-mêmes ! Notre acte liturgique est une véritable concélébration qui prélude à l'état qui sera le nôtre quand le Royaume des Cieux sera réalisé en plénitude !

Et puis, pendant la prière de l'anaphore nous disons bien : « Avec ces bienheureuses puissances, nous aussi Maître ami des hommes nous clamons et disons : Tu es saint, Tu es tout saint, Toi et Ton Fils unique et Ton Esprit-Saint... ». N'est-ce pas l'affirmation de notre concélébration avec les anges ? Le prêtre l'affirme, de façon claire et explicite, pour nous tous, lors de la Grande Entrée : « Maitre et Seigneur, notre Dieu, Toi qui as établi dans les cieux les ordres et les armées des anges et des archanges pour la liturgie de ta gloire, fais qu'avec notre entrée se fasse aussi l'entrée de saints anges qui concélèbrent et glorifient avec nous ta bonté. » Avec eux, avec les chœurs célestes, nous chantons la Gloire de Dieu, gloire devenue visible, comme dans une icône. Nous la chantons aussi en communion avec tous les saints. Au moment de la proscomidie, les gestes rituels disent notre certitude de foi selon laquelle nous croyons que tous les saints sont présents dans la Liturgie qui va être célébrée. En effet, la Mère de Dieu et les anges et tous les saints, les vivants et les morts dont nous faisons mémoire, sont représentés par des parcelles de prosphore disposées sur le discos, autour de l'agneau qui va être consacré, puis seront mélangées à la fin de la Liturgie aux précieux Corps et Sang du Christ en signe de communion universelle. (Ces rites seront exposés plus largement dans le chapitre intitulé « La notion de sacrifice » p. 14.

La gloire de Dieu, nous la chantons après avoir communié : « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l'Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi, nous adorons l'indivisible Trinité ; car c'est Elle qui nous a sauvés ! » La Divine Liturgie tout entière, puisqu'elle est concélébration, suspend, dépasse nos limitations temporelles et spatiales. Cela est affirmé à plusieurs moments. Au début de cette Liturgie, lorsque le prêtre dit : « Béni soit le règne du Père et du Fils et du Saint-Esprit » nous somme bien déjà dans le Royaume des Cieux, même s'il n'est pas encore advenu en sa plénitude. Ce dépassement du temps et de l'espace est encore affirmé pendant le Mémorial : « Faisant donc mémoire de ce commandement salvateur et de tout ce qui a eu lieu pour nous : de la Croix, du Tombeau, de la Résurrection du troisième jour, de l'Ascension au cieux, de la session à ta droite, du second et glorieux nouvel avènement »

La Divine Liturgie est non seulement une concélébration avec les anges, mais une concélébration universelle, une concélébration avec Dieu lui-même. À la fin de la Grande Entrée le prêtre promet au diacre : « L'Esprit-Saint descendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ! » Ce à quoi le diacre répond avec un évident élan de foi enthousiaste : « L'Esprit-Saint lui-même concélèbrera avec nous tous les jours de notre vie. » On ne peut mieux exprimer la Synergie de l'Esprit-Saint et de l'homme que par cette phrase souvent passée inaperçue !

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